Faisabilité et méthodologie

Faisabilité de cette recherche descriptive

La nature des recherches envisagées, décrire la pratique réellement mise en œuvre par des professionnels à partir de traces objectives et de traces subjectives questionne la faisabilité de ces recherches dans deux aspects :

  • « Faire entrer des chercheurs » dans l’intimité du huis clos de la rencontre clinique ne dénature-t-il pas radicalement l’essence de la pratique professionnelle visée ? Les connaissances produites témoigneront-elles de l’activité professionnelle réelle ou ne rendront-elles compte, en réalité, que du dispositif expérimental lui-même ?
  • Ces recherches concernant des pratiques engageant le praticien à la confidentialité des propos tenus en séance, quelles précautions éthiques et déontologiques s’imposent ?

Ces deux questions nécessiteront une discussion approfondie, mais quelques points de repère peuvent d’ores et déjà être évoqués.

Une réponse définitive à la question du risque de dénaturer l’essence même de la pratique étudiée suppose de connaître cette essence, ce qui n’est pas le cas. Cependant, plusieurs professionnels dont les pratiques relèvent du champ d’investigation ont déjà réalisé de nombreux enregistrements et certains enregistrent la plus grande partie de leurs séances depuis plus de dix ans. Ces expériences montrent qu’après avoir informé initialement les patients de ces enregistrements, ils s’habituent au dispositif et l’oublient très rapidement. Les praticiens restent plus longtemps préoccupés par l’enregistrement, mais on observe une habituation progressive au dispositif et, finalement, son oubli.

 

Recherche et confidentialité

Le point de la confidentialité des entretiens est à aborder en distinguant les aspects liés d’abord à la conduite de la recherche et ensuite à la publication des résultats des travaux. Il importe de noter que dans les études de cas habituelles, portant essentiellement sur les patients alors que les praticiens restent dans l’ombre, la question de la protection des patients est centrale. Dans les travaux conduits par le groupe de recherche PRAGMA, c’est le professionnel qui est au centre alors que le patient est au second plan. Il est donc indispensable de protéger à la fois le patient et le professionnel.

Dans les travaux conduits par le groupe de recherche PRAGMA, les chercheurs auront accès seulement aux retranscriptions réalisées par le professionnel de ses propres séances. La confidentialité du patient est alors préservée en taisant l’identité du patient. De surcroît, ses propos pourront être transformés à la retranscription (par exemple : modifier le sexe, la profession, le pays d’origine ou tout autre élément identitaire figurant dans les extraits retranscrits) sans nuire à la fiabilité des résultats produits, ces derniers résultants exclusivement des propos du professionnel.

Le champ d’investigation des recherches est constitué des pratiques de plusieurs professionnels. L’identité du ou des professionnels dont les pratiques seront évoquées dans une publication ne sera pas mentionnée protégeant ainsi le professionnel et introduisant un second niveau de protection du patient. Enfin, il est indispensable que les professionnels dont la pratique relève du champ d’investigation restent libres de leur contribution à ces recherches.

Ces éléments constituent une garantie solide de la confidentialité des démarches cliniques des patients et rendra de fait impossible leur identification. En revanche, il restera inévitable que des patients aient l’impression de se reconnaître et de reconnaître leur thérapeute dans certains extraits d’entretiens cliniques ou que des tiers aient l’impression d’y reconnaître une personne. Les professionnels dont les pratiques relèvent du champ d’investigation ont à assumer l’éventualité de telles situations.

 

Méthodologie d’une recherche descriptive des pratiques

Les recherches conduites par le groupe de recherche PRAGMA s’appuieront sur la mise en place de dispositifs de recherche variés ayant plusieurs points en commun :

  • Ils viseront des situations cliniques réelles ou des situations quasi réelles mettant en présence des professionnels expérimentés et des patients.
  • Ils mobiliseront des techniques d’explicitation et de verbalisation du vécu du praticien visant à fiabiliser l’accès au vécu du praticien.
  • Ils s’appuieront sur la collecte fiabilisée de traces objectives et des traces subjectives des entretiens cliniques.
  • Chaque dispositif mobilisera des chercheurs distincts des praticiens dont la pratique sera étudiée.

On peut d’ores et déjà envisager trois dispositifs principaux de production de données :

  1. Un entretien clinique en tête à tête avec un vrai patient est enregistré et suivi par un travail de remémoration et de verbalisation du vécu soit seul, soit accompagné par un chercheur.
  2. Une session de thérapie de groupe réelle est enregistrée et suivie en direct par un chercheur. Elle est suivie par un travail de remémoration et de verbalisation du vécu du praticien à partir de l’enregistrement et à partir des observations du chercheur.
  3. Des entretiens quasi réels sont menés, dans un cadre affiché de recherche scientifique, par un professionnel avec une personne acceptant de prendre la place de patient dans ce cadre particulier.

Partant de ces données initiales, le travail de recherche peut prendre plusieurs directions :

  • Valider, compléter, enrichir le travail déjà réalisé dans le travail préliminaire identifiant 6 compétences et 6 capacités.
  • Mener ce travail de description avec les pratiques d’autres professionnels relevant du champ d’investigation.
  • Reprendre ce travail selon une méthodologie plus rigoureuse en s’affranchissant de la première architecture de compétence et de capacités élaborée.

 

Retombées attendues

Bibliographie